les sens qui démangent ; l’échine parcourue par le cryptique présage qu’une perturbation ne tarderait à surgir dans le courant de sa mission. un froid sinueux superpose sur le présent inconfort une couche de désagréabilité lorsqu’elle s’aventure près de la porte du gel. un soupir, un jet de cailloux. une veine saillante menaçant d’exploser à sa tempe, la guerrière agacée  face au parcours qu’elle venait de réaliser ; il s’agissait de la troisième fois qu’elle s’aventurait devant cette porte, la troisième fois qu’elle faisait un tour complet du marché. ses talons frappent vigoureusement contre la terre, comme s’il elle voulait s’en détacher, s’envoler vers d’autres cieux le plus rapidement possible.  

L’incendiaire avait prévu de mettre fin à son errance et de retourner dans la forêt interdite, juste avant que sa morale ne se manifeste. L’espionnage n’avait jamais été son fort mais la résistante avait résolument tenu à s’engager dans cette mission. Elle entretenait des conversations de longues dates avec un certain individu, une cousine d’une connaissance qui lui apportait des nouvelles de Yessodin. La gamine prétendait avoir reçu récemment des informations intéressantes au sujet des nymphes. Le type d’informations qui ne pouvait se transmettre qu’en présentiel, dans un tête-à-tête voilé. Alors, elle avait décidé de se rendre sur la place du marché commun, où elles avaient convenu de se rencontrer la veille. Sauf qu’entre couleurs et échanges, étalages de soie et plateau de nourriture, la moindre trace de la silhouette de l’informant s’était révélée chimère. Et ça, ça l’inquiétait. Assez. Vu son jeune âge et son inaptitude au combat, elle craignait qu’un scénario fort désavantageux ait pris place dans la récente frame temporelle. La gosse n’avait jamais manqué d’entretiens, s’était dardé pour objectif de respecter une ponctualité exemplaire. Serait-elle en mesure d’affronter son amie s’il lui arrivait un quelconque mal par sa faute ?

Adossée contre un mur, ses iris peu convaincus traînèrent sur les portes du royaume de l’air, lieu de rendez-vous. Encore deux heures, encore deux heures et elle rentrerait. Il devait sûrement avoir mieux disposé, plus approprié qu'elle parmi les membres de la résistance pour remédier à ce problème. Une frustration nouvelle remuait dans ses canaux veineux, diffusant le poison de la culpabilité. Des années s'étaient écoulées depuis leur dernière rencontre en chairs, elle se demanda si elle serait capable de reconnaitre ses traits quand elle apparût. Elle se tenait là, dans l'attirail mentionné, l'interpellant d'un vague mouvement de tête.

Sue empêcha son soulagement de transparaitre dans son reproche. «Tsss, tu en as mis du temps. » Elle réarrangea pensivement sa sacoche au son de la voix de son interlocutrice. «Hm... Emmène-moi loin d'ici. » dans un endroit plus sûr, son ton dur s'abat loud tel un ordre.