03. history

Un accident, c’est le mot qui résume le mieux ma vie. Mes parents ne sont pas mes vrais parents, enfin si, à moitié. Ma mère était bien ma mère mais celui que j’ai toujours considéré comme mon père n’était pas vraiment le mari de ma mère. Ma mère était à l’origine une petite chanteuse, jouant dans des endroits peu connus, elle a fini par se faire remarquer, la célébrité lui gagna vite la tête, un jour, elle eut une relation avec un triton, de cette relation que le monde pourrait juger contre nature, naquit un enfant, son mari n’en savait rien sur le moment, pensant que c’était sa chair et son sang qui grandissait en elle.

Néanmoins, ma naissance fut un jour heureux pour la moitié de la famille, lors de ma naissance mon père adoptif me tint dans ses bras et manqua de me faire tomber en voyant l’horreur pour ses yeux, des écailles, s’en suivit des cris et des larmes, tout ça je n’en avais aucune idée, je l’avais compris bien plus tard. J’étais un enfant manquant d’amour, mon père ne m’aimait clairement pas et je le ressentais beaucoup trop, je cherchais toujours à m'isoler, pensant que je serai probablement mieux dans mon coin et que je n’embêterai personne. Ma famille cacha aux yeux du monde que j'étais un hybride me faisant passer pour un parfait petit sorcier de la terre, m'ordonnant de ne jamais parler de mes écailles à qui que ce soit.

Un jour, j’apprenais que ma mère était enceinte, je n’avais toujours pas compris pourquoi mon père ne m’aimait pas mais j’espérais que mon frère sera lui aimé, j’étais petit et je ne réfléchissais pas énormément mais j’aimais déjà ce frère qui grandissait. Le jour de la naissance de mon frère, je voyais mon père, le serrer dans ses bras, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas ça moi ? Pourquoi je n’avais pas le droit aux câlins de la part de cette personne ? Pourtant, nulle jalousie ne m’habita, au contraire, j’étais heureux que lui soit aimé, je me disais que ce petit être méritait toujours plus d’amour.

Notre répit fut de courte durée, mes parents avaient tenu des propos contre la couronne, quelle idée de critiquer Nebula ? Bien sûr, pour une coquette somme d’argent, un de leurs fameux amis n’hésita pas à tout balancer. Notre quotidien fut chamboulé, d’enfants de stars, nous passions à enfants de fugitifs, tout ça aurait pu être sans trop d'importance si je n'avais pas fais la gaffe de révéler au monde la nature de mon sang en faisant apparaître des écailles sans faire exprès en plein milieu de la rue, rejoindre la partie blanche fut donc impossible. Au fur et à mesure, je commençais à comprendre pourquoi on ne m’aimait pas, pourquoi j'avais des écailles et pas eux, j’étais un bâtard.

Notre famille commença à vivre grâce au vol, j’étais plutôt doué, surtout dans les marchés et dans les lieux publics, quand il s’agissait de faire les poches de parfaits inconnus, je n’avais aucun souci. Je passais beaucoup de temps à m’occuper de mon frère, pendant que les parents avaient de plus grand projet, le protéger, c’était devenu une chose tellement importante pour moi. Un jour, je me rendis dans une boutique et je réussissais à voler un violon, j’avais entendu quelqu’un en jouer et je m’étais mis en tête d’en jouer aussi, je suppliais ma mère de m’apprendre, elle accepta de me montrer les bases, je m’isolais à chaque fois pour pouvoir m’entrainer, voulant apprendre le reste seul.

La suite fut de plus en plus en plus triste, le petit enfant timide et solitaire que j'étais, se retrouva sur un bateau pirate, moi qui pensais que notre histoire ne pouvait pas empirer, je m'étais trompé sur toute la ligne, on avait beau être refugié, on était libre, mais sur ce bateau, nous n’étions que des esclaves. Chaque jour était éprouvant, je devais toujours nettoyer des choses, que ce soit le pont, nettoyer leur linge, préparer à manger… Ma mère ne tint pas longtemps en tant qu’esclave, elle attrapa une maladie qui la tua en un instant, ce fut dur, la souffrance était horrible, il restait moi, mon frère et son père qui ne pouvait toujours pas supporter ma vue, allant jusqu’à m’insulter parfois. J’avais découvert mon pouvoir, lire dans les pensées, je n’en avais parler à personne et en lisant celle de mon père, je ne voyais que mépris et haine pour moi, je ne pensais pas que c’était à ce point-là.

Un jour, ce fut l’ordre de trop pour mon père, il tenta donc une mutinerie, mais personne ne le suivit, tout ce qu’il gagna ce fut le supplice de la planche. Je me retrouvais seul avec mon frère, ma mission était claire dans ma tête, le protéger coûte que coûte, c’était ma seule raison de vivre, sans lui, j’aurai déjà sauté depuis longtemps. Je continuais mes tâches, obéissant, jouant du violon quand je pouvais et veillant du mieux que je pouvais sur mon frère.

Un jour alors que sur le pont je passais la serpillère en sifflant, me disant que la vie pouvait toujours être pire, je regardais l’horizon, la mer, l’immensité de l’océan, une silhouette se dessina, celle d’un bateau. Ce n’était pas rare d’en croiser mais contrairement aux autres, celui-ci fonçait droit sur nous, d’habitude c’était l’inverse. J’entendais l’homme en hauteur hurler et l’équipage tourna au branle-bas de combat. La bataille fut de courte durée, le navire où nous étions fut décimé, j’avais vu mon frère se cacher et j’étais resté avec lui, pour le protéger, allant même jusqu’à me battre avec un pirate pour le défendre.

Finalement, nous changeâmes juste de bateau, ne voulant pas perdre de la main d’œuvre gratuite, le capitaine nous épargna, nous laissant une chance de les servir. Mon quotidien ne changea pas vraiment, travailler tout le temps et jouer de la musique sur mon temps de sommeil tout en veillant sur mon frère, ce n’était pas si horrible, dur à tenir et éprouvant mais j’y arrivais, j’y étais obligé de toute façon. Ça faisait trois ans qu’on y était, notre vie ne s’était pas vraiment amélioré, je parlais aux gens que lorsque cela était nécessaire, j’avais développé un véritable dégout pour les êtres humains quel qu’il soit, espérons que ça change un jour.