Serindë & Calion

Little boy turned adventurer
       

Le temps passait vite. Trop vite. Serindë avait l’impression que ces dernières années s’étaient écoulées si vite qu’elle n’avait pas vu ses enfants grandir. Son aîné Elendur était déjà un grand et beau jeune homme, tout comme Astaldo. Quant à Calion il n’était encore qu’un enfant à ses yeux, bien qu’il venait d’entrer dans cette période complexe qu’était l’adolescence. Les deux plus grands de la fratrie étant en plein dedans, les prises de bec n’étaient jamais loin, peu importe le sujet de conversation. Aussi leur mère avait hâte que cette étape se termine, bien que cela signifie devoir admettre que ces enfants n’en sont plus.
Elle avait toujours été ainsi, un peu mère poule et protectrice, peut-être même parfois un peu trop. Il faut dire que la mort tragique de la reine n’avait rien de rassurant, d’autant plus lorsque votre famille travaillait à la protection de la famille royale. Il n’y avait pas un jour sans que Serindë ne s’inquiète en laissant partir chaque matin son époux et ses fils, sa plus grande peur étant de ne pas les voir revenir le soir. Elle essayait tant bien que mal de ne rien laisser paraître aux yeux de ses proches, mais elle ne pouvait s’empêcher de reporter sa peur sur le petit dernier de la famille en souhaitant le garder plus longtemps sous son aile.

Cela ne l’empêchait pas pour autant de vivre normalement et d’aller se promener hors des murs du château, qui plus est en compagnie de Calion. Ce dernier débordait toujours d’une grande énergie, ce qui avait le don d’amuser sa mère, mais aussi de la fatiguée à force de passer trop de temps avec lui. Il ressemblait sur beaucoup de points, notamment sa grande curiosité. Mais jusqu’à maintenant, elle ignorait que ce trait de caractère allait lui jouer des tours.

Vêtue d’une longue robe de couleur claire, les cheveux rassemblés et attachés sur sa tête, la noble arpentait la place du marché en compagnie de son fils, sous le doux soleil du printemps. L’air était agréable, ni trop chaud, ni trop froid, comme souvent à Thylserin. Elle portait un panier à son bras dans lequel se trouvait quelques morceaux de tissus venant de toutes parts du royaume et au-delà. Serindë n’avait pas besoin de confectionner elle-même ses robes -elle en serait de toute façon incapable-, mais elle aimait de temps à autre créer ses propres parures pour ses cheveux. C’était un passe temps comme un autre qu’elle appréciait particulièrement le soir, et le marché du village était un bon endroit pour s’approvisionner. Comme toujours, il y avait quelques étales de forgerons et elle ne put s’empêcher de loucher sur quelques arcs accrochés. Peut-être qu’un jour, elle s’y remettrait. Poussant un soupire, elle reprit sa route, passant devant des étales de fruits et de légumes dont les odeurs donnaient l’eau à la bouche. Plus le duo mère-fils s’enfonçait dans le marché, plus la foule était conséquence.

-Ne t’éloigne pas de moi. Intima-t-elle à Calion en tournant sa tête d’un quart en sa direction.

Le perdre dans cette masse de gens était l’une des pire chose qui puisse arriver. L’idée même qu’il puisse se perdre ou que l’on s’en prenne à lui, lui était insupportable. Leur famille n’était pas totalement inconnue, de par leur rang et leur place auprès du roi, il n’était pas invraisemblable d’imaginer des malfrats demandant une rançon. Rien que d’y penser, Serindë en avait des frissons.

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Serindë & Calion

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Serindë avançait entre les étale, son regard se posant sur l’une, puis sur l’autre. Elle avait beau s’y promener depuis des années, elle était à chaque fois émerveillée par les magnifiques pièces que les artisans peuvent proposer. Des épées, dont les lames et les pommeaux les rendaient plus impressionnantes les unes que les autres; des arcs, dont la beauté des décors gravés dans le bois leur donnaient un aspect autant raffiné que meurtrier, le tout accompagné de flèches dont la dangerosité ne pouvait être remise en cause. Tant d’objets servant au combat faisant venir en ces lieux de nombreuses personnes étrangères à Thylserin. Il n’y avait rien d’étonnant à cela, et le royaume pouvait être fier de ce talent que l’on ne trouvait nul part ailleurs.
L’elfette voulut un instant s’attarder sur un stand où l’on trouvait de nombreux arcs de toutes tailles, de toutes couleurs, de toutes décorations. Ils étaient plus beaux les uns que les autres et lui rappelaient cette période durant laquelle elle les maniait avec dextérité. Brandir un arc lui manquait, notamment qu’elle s’aventurait à observer les entraînements de ses fils, sans que personne ne la remarque. Durant ces instants, Serindë ne désirait qu’une chose : pratiquer à nouveau. Cependant, elle s’était promis à elle-même de mettre cette partie de sa vie de côté pour se concentrer essentiellement sur sa vie de famille et son nouveau rôle au sein de la cour. Qui sait, peut-être qu’une fois ses trois fils partis du berceau, elle se laisserait tenter -si toutefois sa force physique le lui permet-.

En parlant de son fils, la dame tourna la tête en espérant apercevoir la silhouette de Calion derrière elle, la suivant comme elle lui avait demandé plus tôt. Au lieu de cela, elle ne vit aucune âme. Se stoppant net dans sa marche, elle poussa un soupir mêlé d’agacement et de peur, tandis que son regard inspectait chaque recoin dans son champ de vision. Personne. Ne cédant aucunement à la panique, Serindë prit une grande inspiration et rebroussa chemin, se disant que le benjamin s’était tout simplement arrêté devant une échoppe sur le chemin. Pouvait-elle seulement lui en vouloir, elle-même résistant à s'arrêter à chaque pas ? Une fois de plus, ce fut la désillusion. Aucune tête brune à l’horizon.
La mère de famille décida de se mettre un peu à l’écart de la foule et ferma les yeux, tentant de garder son calme. Instinctivement, elle tenta d’utiliser son pouvoir de détection, mais elle se rendit rapidement compte que cela ne servait à rien. Il y avait beaucoup trop de monde pour qu’elle puisse se concentrer sur une seule et unique personne, surtout que son cœur commençait à battre rapidement du fait de son inquiétude grandissante.

Soupirant à nouveau, Serindë se décida à faire le tour du marché. Calion ne devait pas être loin, du moins elle l’espérait…. Ainsi que rien de mal ne lui soit arrivé. L’elfette se promit de ne pas paniquer. Une promesse qu’elle ne mit pas longtemps à rompre.

-Calion ?! Cria-t-elle dans la foule, attendant une possible réponse de son enfant qu’elle venait de perdre.

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