Fuir. Loin. Toujours. Ne jamais rester au même endroit. C'est ça mon quotidien maintenant. Il nous avait fallut des semaines avec Celina pour arriver jusque Thylserin. C'était selon nous le royaume le plus stratégique. Fantasia ? Trop prévisible, et bien trop de démons la-bas désormais. Sacrame ? Même pas la peine d'y penser. Yessodin et Tathune ? Il aurait fallut traverser les océans et les voies maritime avaient été bloqué lors de l'attaque. Rester sur Luxerus ? Trop dangereux. Donc, oui la stratégie nous avait emmené jusque Thylserin. Nous étions en pleins mois d'hiver, heureusement pour moi, mon élément étant l'eau je ne souffrais pas trop de la température. Mon pouvoir en était même renforcé en cette saison. J'avais quand même recouvert une robe du peuple. Oui, oui vous avez bien entendu. Il avait fallut que Célina insiste lourdement pour que je porte ça. Je n'avais pas l'habitude, mais il fallait se fondre dans la masse. Alors à contre cœur je l'ai enfilé, elle et un long manteau à capuche pour le temps froid. Une fois sur Thylserin nous avions tenté de trouver une auberge. Aujourd'hui, Célina était resté à l'auberge, elle ne se sentait pas très bien. Et moi, j'ai décidé de sortir au marché nous acheter quelques provisions pour la route. Elle ne souhaitait pas que je m'y rende seule, mais j'ai attendu qu'elle dorme pour y aller. Car oui, ce soir nous reprenons notre voyage. Nous ne pouvons pas nous permettre de rester trop longtemps au même endroit. 

Alors que je déambule sur le marché, capuchon sur la tête, je sens la foule s'animer de peur. Qu'est-ce qu'il se passe ? Soudain l'ambiance devient pesante et les habitants baissent la tête comme pour écraser leur propre présence. Mon regard glisse sur celui que je ne pensais pas revoir de si tôt. Tornado. Mon cousin. Mon fiancé. Mes dents se serrent de haine. Mon coeur se crispe. Assassin. Je dois ravaler ma haine, et j'imite les autres baissant la tête. Je décide donc de me faufiler dans une petite boutique complètement vide. Seule sa propriétaire est présente. J'ai bien peur de m'être fait suivre par un de ces sbires. Je n'en suis pas certaine. Arrivé dans la boutique j'abaisse mon capuchon pour montrer mon visage. La vendeuse semble me reconnaître et sans même un mot elle m'indique l'arrière boutique pour que je puisse me cacher. Je la remercie d'un hochement de tête et m'y cache rapidement. La vendeuse quant à elle, retourne sa pancarte pour indiquer la boutique fermé. Mais elle n'a le temps de fermer complètement la porte que j'entends quelqu'un rentrer. Même caché là où je suis je peux sentir son aura pleine de noirceur embaumer la pièce. Je sens mon coeur pomper violemment dans ma poitrine. Je stresse, j'ai peur un peu aussi. Mais surtout je suis en colère. Néanmoins je ne fais aucun bruit et reste gentiment caché priant intérieurement pour qu'il ne s'en prenne pas à la vendeuse qui vient de m'aider en toute bienveillance. Comment a t-il su que j'étais là ? Un démon a du nous repérer lors de notre arrivé à Thylserin, nous aurions du être plus prudente. Je serre les dents. Un mois de fuite pour une erreur si futile, non ca ne peut pas se finir comme ça.

Cachée dans l'arrière boutique, j'attend. Je tente de garder mon sang-froid quand j'entends des pas entrer dans la boutique. Je peux le sentir. C'est lui. Mon coeur pompe violemment dans ma poitrine. Je prie pour qu'il ne me trouve pas. Je glisse une main sur ma bouche pour réguler ma respiration qui s'intensifie à cause du stresse, de la peur et de la colère. Savoir l'assassin de mon père tout prêt me rend folle de rage. Un tourbillon d'émotions négatif m'assaillent. Je l'entends prendre la parole, le stresse monte deux fois plus. Il est en train de menacer la vendeuse ? Il sait que je suis là. C'est la catastrophe. Je me concentre sur la conversation et je peux entendre la malheureuse nier. Elle me protège, protège ma présence. Elle connait l'enjeu. Je le connais aussi. Je ne peux pas me permettre de me faire capturer. Mais est-ce que ca vaut la vie d'une innocente ? Bien sur que non. Quel genre de princesse et de déesse serait-je si je la laissai se sacrifier pour moi ? Je dois la protéger. J'ai peur. Peur qu'il l'a tue. Ce serait comme avoir son sang sur les mains.

Alors que je le sens, l'entend perdre patience je décide de sortir brusquement avant qu'il ne lui porte le coup de grâce et commette l'irréparable « Non attends, arrête ! » je m'écrie pour qu'il ne lui fasse aucun mal. La vendeuse me jette un regard affolée. Mais je reste concentré sur mon cousin et fiancé. Je met mes mains en évidence comme pour indiquer que je ne suis pas là pour me battre et qu'il peut ranger son épée « Je suis là » je répond en l'observant. Bon certes, j'ai la magie et la rage qui me démange quand je le vois. J'aimerai lui faire payer la mort de mon père. Mais il y a une innocente en jeu, et je ne peux pas risquer sa vie. Je sais qu'il est plus fort et expérimenté. Et je me doute qu'il ne doit pas être venu seul jusqu'ici. « Tu as ce que tu veux, laisse là partir s'il te plait » dis-je avec précaution en l'observant droit dans les yeux angoissé à l'idée qu'il ne la tue. J'ai l'impression de marcher sur des oeufs. Il est imprévisible et je ne sais pas à quoi m'attendre avec lui, mais j'ai l'espoir d'au moins le convaincre de lui laisser la vie sauve. Inquiète la vendeuse me regarde. Mais elle semble plus inquiète pour moi que pour elle. J'hoche donc la tête pour la rassurer « Ca va aller » puis je reporte mon regard sur le dieu « Tornado, laisse là » cette fois-ci je prononce ça un peu plus comme une ordre que comme une demande. Même si je ne le montre pas j'ai l'impression que mon coeur va exploser de stresse.

J'ai les pieds et main liée tant qu'il tient cette femme innocente en otage. Je pourrai utiliser mes pouvoirs pour le contrer et la libérer mais il serait capable de lui trancher la gorge bien avant. Je ne peux pas prendre de risque. Je tente donc le convaincre de la laisser partir par la parole, d'abord en douceur puis en lui donnant un ordre ce qu'il ne semble pas apprécier. Mais qu'importe. Il ne semble pas enclin à la laisser, et ca m'angoisse. C'est moi qui l'ai mise dans cette situation, c'est moi la responsable. Je tente donc une nouvelle fois de raisonner mon fiancé de sang « Elle t'a menti pour me protéger. C'est moi qui me suis réfugié ici pour me cacher, c'est moi la responsable. Pas elle. Je ne tolérerai pas que tu la châtie par ma faute. Essai de faire preuve d'un peu d'indulgence pour une fois dans ta vie » finalement il abdique à ma demande mais pas comme je l'aurai espéré. Les démons la saisissent et l'emmènent dehors nous laissant seule. Cela n'arrange pas du tout mes affaires. Car il serait capable de se venger sur elle si j'essai de le duper. Pourtant je n'ai qu'une envie à ce moment là, défouler ma magie sur lui. La souffrance de la perte de mon père et de mon petit frère à venir est encore là, la plaie est ouverte et une envie de vengeance indigne de la partie blanche pulse violemment dans mes veines. Je dois me contenir pour ne pas céder à mes pulsions de colère dicté par cette tristesse et cette souffrance dont il est l'auteur.

« Tu ne l'as pas laissé partir. Elle n'est toujours pas en sécurité » je répond donc quand il ose me dire qu'il a fait ce que j'ai demandé pour me faire plaisir. Si c'était le cas elle serait libre dehors, et non prisonnière des démons. Le voir se pavaner devant moi avec son petit sourire en coin me faire bouillir de colère. J'essai de me contenir comme je peux mais ce n'est pas aussi facile que cela en a l'air. Alors quand il me demande si il m'a manqué c'est à mon tour d'élargir un sourire hypocrite « Tu n'as pas idée à quel point » c'est faux bien entendu, je n'ai fais que le fuir jusqu'ici et ce n'est pas pour rien. Vivre dans la peur de se faire attraper par l'ennemi depuis un mois. Je m'avance de quelques pas dans sa direction, la peur m'a quitté cette fois il n'y a que la haine qui dirige mon corps et mon cœur « Chaque nuit je rêve de toi  » ce sont surtout d'horrible cauchemar qui me réveille en sursaut, mais ça je m'abstiens bien de lui dire. Je m'avance encore un peu plus de lui tout en continuant de lui parler, faisant durer le suspens ma voie est faussement doucereuse et pourrait porter à confusion « Et tu sais ce que je fais dans mon rêve ?  » je m'arrête cette fois-ci juste en face de lui. Et même si il est plus grand que moi je m'impose par ma prestance haussant la tête et surtout le menton avec audace « Je te tue » je lâche lourdement tout en enfoncant mon regard chocolat dans ses yeux bleu glacé. Puis je poursuis « Tu as tué mon père et mon petit frère. Je te haie, Tornado. Et tu paieras pour ça un jour ou l'autre » mon discours est rythmé par la haine qui m'habite et se ressent dans chacun de mes mots « Alors maintenant évite de perdre ton temps. Je ne partirai pas avec toi, tu le sais non ? » j'ose. J'ose le défier droit dans les yeux, face à lui. Ma colère a pris l'ascendant sur ma peur à ce moment là.

Le fait qu'il garde cette pauvre femme en otage n'est pas du tout à mon avantage. Bien que je sais qu'au vu de la situation je ne pourrais pas sauver la veuve et l'orphelin à chaque fois. Je ne peux m'empêcher de me sentir responsable. Si elle en est là c'est parce qu'elle a souhaité m'aider. Si elle meurt ce sera en parti ma faute. Que dois-je faire ? Ma mère aurait été là elle aurait su me conseiller. J'observe mon cousin au trait parfait, bien trop sur de lui. Je ne peux donc m'empêcher de rétorquer quand il annonce qu'elle est en sécurité pour l'instant, mot que je suis obligée de relever « Pour l'instant, tu l'as toi même dit » puis je poursuis « Mais tu comptes te servir d'elle pour faire pression sur moi ? Sinon tu l'aurais déjà relâché, ou tu l'aurais tué » je ne suis pas bête, si il garde cette femme c'est qu'il a forcément une idée derrière la tête sinon il aurait déjà agit.

Je met la mort de mon père et de mon petit frère à naitre sur la table. Puisque tout est de sa faute. Il est responsable de cette douleur, souffrance, tristesse à l’intérieur de mon cœur. Mais aussi de cette colère, cette envie de vengeance indigne de partie blanche. Il tente de justifier son acte mais ca ne fait qu’accroître ma colère « Ce n'était pas encore son heure. Il avait encore plusieurs siècles à vivre, auprès de moi » l'eau salée vient brouiller ma vue et une larme coule sans que je ne puisse l'en empêcher le long de ma joue en pensant au temps qu'il m'a privé avec mon bien aimé père. La colère gonfle dans mon cœur et je fais un pas accusateur vers lui « Tu es comme ta mère. Tu as agis égoïstement sans penser au conséquence. Imaginons, nous nous marions puis nous avons des enfants. Avec qui vont-ils se marier eux ? En tuant mon père et mon petit frère tu as condamné ta propre descendance ! » en effet. A moins que les enfants ne se marient entre frère et soeur. Néanmoins, cette idée ne me plait pas du tout. Je poursuis donc « Tu viens de chambouler le règne des dieux tout entier et l'avenir de Roxime. Tout ça pour quoi ? Pour un trône ? » en effet, sans dieu Roxime est vouée à mourir vu que ce sont eux qui ont crée la planète et qui l'alimente. La main du dieu glisse sur ma joue avec une tendresse que je ne lui connaissais pas. Si il n'avait pas été l'homme effroyable qui m'a privé de mon père peut-être aurais-je pu apprécier ce contact. Mes yeux se perdent dans ses iris bleu glacé. Magnifique et horrible iris. « Tu es fou si tu crois que je vais te suivre délibérément » je tourne alors brusquement la tête pour mettre fin à ce contact chaleureux « Tu ne mérites pas d'être roi. Ni toi, ni ta mère. Vous ne gagnerez pas » j'affirme sur de moi.