03. history
I. RHIANNON
elle t'a offert son poing et t'a goûté la terre.
Souillon de bonté, t'as pas honte?
t'es trop con, trop bon pour être des leurs.
J'en doute pas,
t'dois être la raison pour laquelle vos parents ont clamsé, pas vrai ?
Y'a ton truc là, ton odeur.
ça leur a donné envie d'se pendre.
Tu puais, pas d'la crasse, pas d'la pourriture, même pas d'arrongance comme l'autre là, l'ainée ; t'avais ce truc, tu puais de ce truc là.
Tu sentais comme les murs blanchâtres des cité d'or, leurs jardins, leurs sourires.
en moins beau, en plus amoché.
des relents de chlorine, un brin d'tulipes fanées.
voilà.
de la bonté amochée sur du bitume, voilà c'que t'es.
Comme j'disais : On sait pas trop d'où tu viens toi !
Mais les rumeurs courent et s'émoussent, des inconscients débitant des conneries, comme quoi tu partagerais du sang avec
LA Valandil ?
T'es une drôle de gamine, toi. vu qu't'as pas d'avenir, tu fais bien d'compter sur ton humour.
II. DESCENTE
ET...
ACTION !
ça y'est.
Tu t'es barré.
t'es assez gonflée,
quand même.
t'es con,
mais t'as du cran.
quand même.
myocarde tuméfié,
t'as voulu combattre Rhiannon...
lui répondre, pour de vrai, cette fois.
elle t'a mis la pâtée.
et des dents cassées.
elle t'a craché d'ssus.
du son haut trône,
son socle de pierre,
si haut perché,
le roi n'a pas bronché.
ton roi n'est pas intervenu.
sans même t'accorder un regard.
sans te voir.
Qu'est-ce que t'attendais ?
Qu'est-ce que t'attendais d'lui ?
L'blond.
L'blond non plus, comme Aegorn,
il n'a pas réagit.
L'blond, et son lit de plume,
dans lequel t'venais mendier auberge.
cette bienveillance prononcée,
où s'est-elle barrée ?
celle qu'il enfilait quand il s'égarait sur ta silhouette agile, ou tes pommettes hautes.
tu cries, tu t'agites,
et ses rires, ses rires, ses rires
palissade honteuse qui nimbe la fresque de ta chute.
et la même danse railleuse aux creux d'leurs pupilles.
tu les foudroies,
mais
tu recherches
aussi
quelque part
une particule d'empathie nichée dans le crin des iris,
qu'on avoue,
à moitié.
et c'est le néant qui te réponds.
tu déglutis,
puis soudain,
tu t'en fous.
ils sont pas importants.
t'as mal, t'as mal. ce que tu quémandes toi,
c'est l'attention de ceux qui comptent,
ceux qui s'éloignent...
sans t'accorder un regard.
t'as jamais rien eût,
mais tu es entrain de tout perdre.
T'as frappé la terre,
jusqu'à la casser,
jusqu'à te casser.
le dédain du roi face à ton échec,
le déni du blondinet,
le triomphe de rhiannon.
t'aurais préféré être défenestrée.
le silence a rugit,
les portes ont été claquées.
le silence a chanté,
amoindrissant les frictions et des passions.
le silence a rayonné,
la gosse volubile s'est éteint.
III. PERSEPHONE
T'as débarqué y'a pas si longtemps qu'ça,
du moins c'est ainsi que tu l'aperçois.
la poussière s'accumule vivement sur l'horloge.
l'absence d'expérience s'est évaporée en débâcle,
lors de l'instant suspendu où t'as tenu du métal,
pour la première fois.
toi qui avait toujours compté sur tes flammes pour survivre,
la révélation.
les armes,
c'est ton dada.
faudrait être aveugle pour ne pas le remarquer.
maitre d' a r m e.
rien que ça.
t'enseignes les poings et le sang,
le calme et la terreur,
la pratique et l'habilité.
t'as de l'importance.
t'assumes pas trop.
l'attention que tu captures,
ta parole qui porte et qui pèse,
un semblant de famille.
tu comprends pas trop.
la sollicitation,
l'affection,
la loyauté et tout ça.
mais t'es bien décidée à t'y habituer.