03. history

D’aussi longtemps que tu te souviennes, t’as toujours eu une arme avec toi. Au départ, elle était faite de bois, un jouet offert par une mère que tu adores. Tu es né dans une famille de guerrier Calion, alors ce n’est pas vraiment une surprise. Mais plus important encore, ta famille était aimante, unie. Tu as ouvert pour la première fois les yeux au beau milieu d’une journée printanière, dernier enfant du couple Okron, benjamin de la fratrie, alors composée de deux plus grand-frères, Elendur et Astaldo.  

Tes premières années étaient baignées de douceur, emplies de rire et de jeux. Dès que tu sus marcher, tu explorais ta maison, échappant à la surveillance de tes aînés. Tu les faisais paniquer, mais tu ré-apparaissais dans leur champ de vision quelque temps après. Plus tard, dans les rues de Thylserin, ta mère ne pouvait plus se promener avec toi sans risquer de te perdre. Grand curieux, ton attention était capturée par tout ce que tu voyais, touchais, ou sentais.

Tu était encore bien jeune lorsque l’épouse d’Ostocher perdit la vie. Tu ne te rappelles pas vraiment d’elle, juste des bribes de mots et de conversation, le visage revêtu de tristesse des elfes, le royaume en deuil d’avoir perdu sa douce reine. Oh, en voyant la mine triste de tes parents, tu en avais posé des questions. Qui était-elle? Que représentait-elle pour le royaume?

Les années passèrent, des épées de fer remplacèrent peu à peu celle en bois, usées par des années de jeux et de minis entraînements. Cela est peut-être dû à ton espèce, ou à ton sang, mais comme le reste des hommes Okron, tu les maniais avec facilité, comme une extension de toi-même. Bien sûr, ça ne t’empêchais pas de te prendre des raclées. Bien au contraire.

Avec l’âge, ton côté aventurier ne s’est pas amélioré. Pire, il s’est détérioré. Un matin, tu quittais la maison familiale en comptant revenir pour midi, quand le soleil atteindrait son apogée. Le plan ne se passa pas comme prévu. Ton but? Te balader dans la forêt sauvage au nord-est. Cependant, la pluie s’était mêlée de la partie. Satanée pluie qui t’avais fait tombé du grand rocher sur lequel t’avais escaladé. Pour une raison ou une autre, t’avais perdu ton équilibre, glissé, et dévalé une pente ensuite. Ça n’avait pas été une expérience très plaisante et tu avais eu la peur de ta vie. Tu étais rentré le lendemain soir, complètement épuisé et blessé.
Est-ce que ça t’as rendu plus sage pour autant? Malheureusement, non. Le parkour, l’escalade et les ballades étaient drôles. T’étais pas prêt d’arrêter.

1752. L’année du fameux tournoi. Tu n’y participas pas. T’étais trop jeune, trop inexpérimenté et puis surtout, tu voulais juste observer et apprendre. Tous les meilleurs guerriers étaient présents pour montrer leur force et espérer conquérir la main de la princesse. Évidemment, tes frères étaient de la course et évidemment, ils se retrouvèrent l’un contre l’autre l’autre, en finale. Le vainqueur, tu pensais sincèrement que ce serait Elendur. La fin du combat fut une surprise. Astaldo vainqueur, il fut promis à la princesse.

Ainsi, la fratrie se fractura. La relation entre tes frères se tendit, leurs conversations, plus rares. Bien que tu ne savais pas exactement ce qu’il se déroulait, tu savais que c’était en lien avec Elerinna. Tous deux s’étaient ardemment battus pour sa main. Au milieu de tout ça, tu ne savais pas vraiment où te placer. Tu as beau être proches d’eux et être neutre dans cette querelle invisible, cette neutralité ne pourra pas rester longtemps et tu le redoutes.

Les semaines, les mois passèrent. Suivant les pas de tes aînés, tu redoublas d’effort lors des entraînements. Tu n’es pas aussi doué que le reste de ta famille -même si tu te débrouilles bien- et honnêtement, ça te vas. Vivre dans leurs ombres est plus facile.

La prise de pouvoir soudaine de Nébula marqua la fin des jours paisibles. En un claquement de doigt, les démons débarquèrent dans le royaume, surveillant vos faits et gestes, et ce malgré la neutralité de Thylserin dans ce conflit entre partie blanche et noire. Sous tes yeux, le royaume se fit plus terne. L'anxiété gagna le cœur des uns et des autres.